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Hyperaldostéronisme primaire

L’hyperaldostéronisme primaire : quand l’excès d’une hormone (l’aldostérone) est la cause de l’hypertension

Dans la grande majorité des cas, l’hypertension artérielle est sans cause particulière (on parle d’hypertension artérielle essentielle). Mais il arrive que l’hypertension soit due à une cause précise comme un excès d’une hormone appelée aldostérone. Il peut s’agir d’une maladie nommée « hyperaldostéronisme primaire ».

En résumé : L’aldostérone est une hormone produite par les glandes surrénales (petites glandes situées en haut des reins). L’hyperaldostéronisme est une affection due à la surproduction d’aldostérone. Elle se traduit par une hypertension pouvant être associée à une baisse du potassium dans le sang (hypokaliémie). Cette surproduction d’aldostérone peut provenir d’une seule surrénale (la droite ou la gauche), ou des deux surrénales à la fois. Le bilan permettant le diagnostic de cette maladie comprend généralement un scanner des glandes surrénales, des dosages d’hormones (dont l’aldostérone) dans différentes conditions dans le sang et les urines.

Quand suspecter un hyperaldostéronisme ?

Plusieurs circonstances font demander un bilan à la recherche de cette maladie, comme par exemple : une hypertension qui n’est pas assez bien contrôlée en dépit du traitement (hypertension résistante) ; une hypokaliémie ; la survenue d’une hypertension avant l’âge de 30 ans ; la découverte d’une anomalie de la forme de la surrénale vue au scanner (souvent un nodule de plus de 10 mm de diamètre).

Comment faire le diagnostic ?

Le diagnostic d’hyperaldostéronisme est fait sur la base des résultats de dosages hormonaux (sanguins et urinaires) effectués dans un centre spécialisé. Après des premiers résultats anormaux on demande souvent un test de confirmation.

 

Pourquoi faire les dosages dans un service spécialisé ?

Pour être fiables, les dosages hormonaux nécessitent de respecter certaines conditions : un laboratoire spécialisé ; un temps de repos couché avant la prise de sang (le matin à jeun entre 08 et 10 heures en position assise depuis 15 minutes), au moins deux dosages ; le dosage de l’aldostérone urinaire sur un prélèvement de 24 heures ; des médecins spécialisés pour interpréter les résultats ; le respect de règles précises pour les médicaments (on parle de dosage sous  « traitement neutre »). De plus ces prélèvements doivent être faits en régime normo sodé (natriurèse > 100 mmol/24heures) après avoir corrigé, si possible, la kaliémie par un apport de chlorure de potassium en comprimés (Kaléorid ou Diffu K).

Qu’est-ce qu’un « traitement neutre » ?

Les dosages hormonaux peuvent être faussés par la prise de certains médicaments contre l’hypertension. Il est donc nécessaire de les arrêter provisoirement suivant les indications du médecin. Ainsi, il faut arrêter au moins 15 jours avant le prélèvement certains médicaments comme les diurétiques, les béta bloquants, les inhibiteur de l’enzyme de conversion ou antagoniste de l’angiotensine II (sartan). D’autres médicaments, comme la spironolactone ou l’éplérénone, doivent être arrêtés 6 semaines avant la prise de sang. En remplacement le médecin prescrit un traitement qui ne gênera pas les dosages ; on parle alors de « traitement neutre ».

 

Imagerie

Le bilan d’un hyperaldostéronisme comprend la pratique d’une imagerie des glandes surrénales, le plus souvent par scanner (tomodensitométrie). Cet examen permet de préciser la forme et la taille des glandes surrénales. On peut trouver soit une image en forme de « boule » (nodule), soit une augmentation de volume (hyperplasie) d’une ou des deux surrénales. L’imagerie ne permet pas de dire si c’est la surrénale droite, ou gauche, ou les deux qui produisent trop d’hormone. Pour répondre à cette question il faut faire un cathétérisme (voir explications ci-après)

 

Le cathétérisme veineux surrénal (KTVS)

Le cathétérisme des veines surrénales est considéré comme l’examen de référence afin de différencier les formes unilatérales des formes bilatérales de l’hyperaldostéronisme. Cet examen techniquement spécialisé a pour but de prélever du sang dans les veines près de chaque surrénale, la droite et la gauche. La pratique et l’interprétation des résultats sont le fait de médecins spécialisés. Pour savoir comment se déroule l’examen voir notre fiche consacrée à ce sujet.

 

L’hyperaldostéronisme primaire est-telle une maladie génétique ?

Généralement pas, mais 1 à 10% des cas d’hyperaldostéonisme sont liés à des formes familiales.

 

Prise en charge thérapeutique

Le traitement de l’HAP peut se faire soit avec des médicaments, soit par chirurgie.

 

Traitement médicamenteux

Le traitement médicamenteux repose sur la spironolactone (Aldactone) et/ou l’éplérénone (Inspra) qui agissent en inhibant l’action de l’aldostérone. Ces médicaments peuvent être associés à certains autres hypertenseurs.

 

Traitement chirurgical

La chirurgie peut être proposée uniquement aux patients dont une seule surrénale sécrète trop d’hormone. (on parle d’hyperaldostéronisme unilatéral). Elle consiste à retirer la surrénale malade (surrénalectomie). C’est une opération par voie locale (laparoscopie). La surrénalectomie normalise la kaliémie et guérit l’hypertension dans presque la moitié des cas (40%). Lorsque la surrénalectomie ne guérit pas totalement l’hypertension elle permet de diminuer les traitements antihypertenseurs. La décision d’opérer tient compte de l’âge, de l’ancienneté de l’hypertension et des souhaits du patient. Lorsqu’aucun bénéfice n’est attendu du traitement chirurgical, on s’oriente vers un traitement médicamenteux

 

Rédaction Drs Laurence Amar & Nicolas Postel-Vinay. Unité d’Hypertension, Hôpital européen Georges Pompidou, Paris. Mise à jour Juin 2016.