Pour le traitement de l’hypertension artérielle, on peut proposer de prendre un médicament nommé éplérénone, commercialisé en France sous le nom de marque Inspra®. Ce médicament peut-être proposé en cas de type particulier d’hypertension artérielle (hyperaldostéronisme primaire et/ou hypertension résistante au traitement) ou en remplacement après avoir eu un effet secondaire génant avec d’autres médicaments. L’éplérénone est commercialisé en France depuis 2005. Ses avantages et ses inconvénients sont connus. La prescription d’éplérénone dans l’hypertension artérielle est dite « Hors AMM ». Depuis 2018 elle fait l’objet d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU).
Particularité de la prescription hors AMM
En France, l’éplérénone a obtenu l’autorisation de mise sur le marché (AMM) dans l’insuffisance cardiaque avec dysfonction ventriculaire gauche (FeVG<40%) post-infarctus en association au traitement classique de cette pathologie, y compris les b-bloquants. Contrairement à la spironolactone et l’amiloride, l’éplérénone n’a pas d’AMM en France dans l’hypertension (HTA) en général et dans l’hyperaldostéronisme primaire (HAP) en particulier. Alors même que l’éplérénone a été développée dans l’insuffisance cardiaque (post-infarctus) et l’HTA (elle est commercialisée dans cette indication aux Etats-Unis à une dose pouvant aller jusqu’à 50 mg 2 fois par jour). Mais, en France, elle n’a pas d’AMM pour l’hypertension artérielle.
Informations scientifiques sur l’éplérénone
L’éplérénone est un médicament de la classe des inhibiteurs spécifiques des récepteurs de l’aldostérone. Sa structure chimique est proche de celle de l’hormone aldostérone et du premier médicament antagoniste du récepteur de l’aldostérone, la spironolactone. L’éplérénone a une affinité 1000 fois plus faible que la spironolactone pour les récepteurs des androgènes et de la progestérone, ce qui explique la prévalence très inférieure d’effets secondaires hormonaux (dysfonction érectile et gynécomastie chez les hommes, dysménorrhées chez les femmes, …). D’où son intérêt dans la prise en charge de l’hyperaldostéronisme primaire (HAP) non tumoral où des doses parfois élevées de bloqueurs des récepteurs de l’aldostérone sont nécessaires pour contrôler l’hypokaliémie et l’hypertension artérielle (HTA). Les recommandations sur la prise en charge de l’HAP publiées en 2008 décrivent l’éplérénone comme un traitement spécifique de l’HAP.
En revanche, la survenance d’hyperkaliémie peut atteindre 10%, ce qui impose surveiller la kaliémie. Le risque d’hyperkaliémie, est plus fréquent chez les patients en insuffisance rénale chronique et/ou traités par inhibiteurs du système rénine angiotensine comme dans l’insuffisance cardiaque, ou chez les patients diabétiques. Le risque d’hyperkaliémie est probablement moins important lorsque les inhibiteurs des récepteurs de l’aldostérone sont utilisés seuls, a fortiori dans un contexte d’HAP où la kaliémie est initialement basse.
Pour en savoir plus, voir le protocole de suivi des patients rédigé par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM)->
Rédaction : équipe médicale de l’unité d’hypertension artérielle – Paris. Actualisation Janvier 2022