Depuis cette page, trouvez des informations sur l’étude de la fibrose interstitielle myocardique dans l’hyperaldostéronisme (étude Cœur Aldo).
Informations pour les patients
L’aldostérone : hormone qui fibrose le cœur ?
L’aldostérone, une hormone physiologique produite normalement par les glandes surrénales, est essentielle dans la régulation du contenu du corps humain en sodium, en potassium et en eau. Des études ont montré que, en dehors de l’hypertension artérielle, un taux d’aldostérone élevé provoquait une altération des vaisseaux sanguins, en particulier, une rigidité de la paroi artérielle y compris au niveau de l’aorte (la plus grosse artère de l’organisme) ainsi qu’une rigidité au niveau du muscle cardiaque. Cette rigidité est liée au développement dans le muscle cardiaque d’une fibrose inhabituelle. Ces anomalies peuvent conduire à l’insuffisance cardiaque lorsque la fonction de contraction et de remplissage du cœur est altérée.
Produite en excès et de manière incontrôlable, l’aldostérone peut provoquer une hypertension artérielle sévère. Cette maladie s’appelle l’hyperaldostéronisme primaire. D’autres maladies, plus rares, liées à une anomalie génétique, tel que le syndrome de Bartter/Gitelman, peuvent également provoquer, en l’absence de toute hypertension, une élévation de la production d’aldostérone pour lutter contre une perte de sel par les reins (hyperaldostéronisme secondaire). Cette recherche vise à faire le lien entre l’existence d’une fibrose du muscle cardiaque chez des sujets ne présentant pas d’anomalie cardiaque clinique mais un taux anormalement élevé d’aldostérone. Cette étude est financée par l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris.
Evaluation de la fibrose cardiaque par une technique IRM
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) cardiaque permet aujourd’hui, grâce à l’injection d’un produit de contraste usuel (gadolinium) de détecter et de quantifier la fibrose de façon rapide, non douloureuse et non invasive. Pour répondre à la question posée, il est prévu d’étudier en IRM 80 sujets : 20 patients hypertendus présentant un hyperaldostéronisme primaire, 20 patients présentant une hypertension artérielle essentielle, 20 patients atteints du syndrome de Bartter/Gitelman et 20 volontaires sains. Les sujets viennent en hôpital de jour pour un bilan sanguin, la réalisation d’une IRM cardiaque et une exploration de la fonction des vaisseaux par échographie.
Perspectives
L’IRM cardiaque est une technique non invasive qui permet de mesurer de manière fiable la fonction du cœur et les conséquences de l’hyperaldostéronisme en présence et en l’absence d’hypertension. Si un rôle toxique de l’aldostérone indépendant de son effet sur la tension arterielle est observé, des essais de prévention cardiovasculaire avec les antagonistes de l’aldostérone pourront alors être envisagés.
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Informations pour les professionnels
Rationnel de l’étude
Des modèles animaux ont montré le rôle majeur de l’aldostérone dans le remodelage ventriculaire gauche (VG) associant fibrose, apoptose et hypertrophie en présence d’un excès de sel. La fibrose myocardique est un facteur de risque d’arythmie grave et de mort subite dans les cardiopathies ischémiques, idiopathiques et hypertrophiques. Le rôle pathogène et pronostic de l’aldostérone dans l’insuffisance cardiaque est clairement démontré. En effet, les antagonistes de l’aldostérone (spironolactone, éplérénone) ont révolutionné la prise en charge des patients ayant une insuffisance cardiaque réduisant le risque d’évènements cardiovasculaires majeurs mortel ou non-mortels et ce, en partie indépendamment de leur effet sur la balance sodée et potassique. Un modèle humain d’excès d’aldostérone est hyperaldostéronisme primaire (HAP) qui s’accompagne d’une HTA et d’une hypokaliémie. Les patients ayant un hyperaldostéronisme primaire (HAP) ont une prévalence plus importante d’hypertrophie VG et d’atteinte vasculaire et un excès de risque cardiovasculaire. Il reste néanmoins difficile de faire la part exact de ce qui revient à un effet direct de l’aldostérone et à l’élévation de la pression artérielle dans l’atteinte des organes cibles dans l’HAP. En effet, l’HTA à elle seule est un facteur étiologique majeur d’hypertrophie myocardique (fibrose myocardique très évoluée) et d’atteinte vasculaire. Afin de disséquer la part de ces deux mécanismes, nous voulons étudier les conséquences cardiaques et vasculaires d’un excès d’aldostérone en présence et en l’absence d’HTA chez l’homme en investiguant des patients ayant un HAP et des patients ayant un syndrome de Bartter/Gitelman respectivement. En effet, les syndromes de Bartter/Gitelman sont des tubulopathies héréditaires rares caractérisé par une perte en sel, un hyperaldostéronisme (HA) secondaire et une normotension artérielle.
L’hypothèse de travail est de montrer que la présence d’un excès d’aldostérone est associée significativement à une fibrose myocardique interstitielle et à une augmentation des rigidités aortiques évaluées en imagerie par résonnance magnétique (IRM) au delà des effets attendus de l’âge et de l’HTA.
Objectifs de la recherche
L’objectif principal est de quantifier la fibrose interstitielle myocardique in vivo en utilisant les approches non invasives innovantes en IRM et évaluer le rôle délétère attendu de l’HA sur le remodelage myocardique en prenant en compte le rôle potentiellement confondant de la pression artérielle.
Méthodologie
Etude transversale menée chez 20 patients ayant une HTA appariés sur 20 patients ayant un HAP, essentielle, et 20 sujets volontaires sains appariés sur 20 patients ayant un syndrome de Bartter/Gitelman.
Retombées potentielles
Le rôle spécifique de l’aldostérone, réputée « fibrosante » tant pour le myocarde que les artères n’est pas complètement élucidé chez l’homme. En ce sens, la mesure quantitative et non invasive (IRM cardiaque) d’une fibrose interstitielle (ou fibrose débutante) pourrait se révéler un signe précoce de cardiopathie évolutive. Par ailleurs, ces biomarqueurs d’imagerie pourraient être des facteurs de risque indépendants de mort subite ou de morbi-mortalité cardiovasculaire. Si un rôle pathogène de l’aldostérone indépendant de son effet sur la PA est observé, des essais de prévention cardiovasculaire avec les antagonistes de l’aldostérone pourront alors être envisagés.
Début de l’étude : novembre 2012
Fin de l’étude : novembre 2014
N° IDRCB / Eudra : 2012-A00615-38
Cette étude est financée par le Ministère de la Santé (CRC 2012).
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Source : Hôpital européen Georges Pompidou. Paris. Rédaction Anne Blanchard. Mise en ligne décembre 2013.