Dénervation rénale par cathéter endovasculaire
La dénervation rénale par cathéter endovasculaire est un traitement non-médicamenteux visant à faire baisser durablement (pendant plusieurs années) la pression artérielle. Cette procédure actuellement reconnue par la Haute autorité de Santé et les Sociétés Savantes, est recommandée comme traitement additionnel pour les personnes ayant une hypertension artérielle insuffisamment contrôlée malgré plusieurs médicaments.
La dénervation rénale, de quoi s’agit-il ?
Ce n’est pas un médicament, mais une procédure interventionnelle qui consiste à interrompre l’activité électrique des nerfs destinés aux reins. Elle est proposée en traitement complémentaire aux médicaments pour l’hypertension non contrôlée.
En pratique, comment se fait une dénervation rénale ?
Cette procédure non-chirurgicale est réalisée sous anesthésie générale légère en salle de radiologie/cardiologie interventionnelle. Des sondes spéciales sont introduites dans l’artère fémorale au niveau de l’aine par un cardiologue ou un radiologue interventionnel, puis guidées sous contrôle radiologique jusque dans les artères rénales à traiter. Ces sondes délivrent une énergie thermique par radiofréquence (courant électrique de faible intensité) ou par ultrasons qui, en certains endroits précis, vont interrompre les fibres nerveuses sans abîmer la structure artérielle. La procédure dure environ quarante-cinq minutes. Au bout des 45 minutes environ l’ensemble du matériel est retiré et un pansement est mis en place au niveau de l’aine. Après un repos en position allongée pendant 24 heures, le lever est autorisé dès le lendemain de la procédure et le retour à domicile peut avoir lieu après 48 heures d’hospitalisation. Le traitement antihypertenseur est maintenu à la sortie puis ajusté lors du suivi par le médecin. La tolérance et la sécurité sont excellentes.
La dénervation rénale est-elle efficace pour faire baisser la tension ?
Selon les études françaises et internationales conduites depuis 2015, la dénervation abaisse la tension artérielle systolique au cabinet du médecin d’environ 8 mm Hg de plus, comparativement au groupe qui ne bénéficie pas de ce traitement (groupe témoin). Les résultats sont meilleurs chez les sujets de moins de 60 ans aux artères moins rigides. Néanmoins, la baisse de tension peut être plus faible chez certains patients. On note 10 à 20 % d’échecs.
Après dénervation rénale, combien de temps dure la baisse de tension ?
Les études actuelles montrent un maintien efficacité de trois ans environ. D’autres travaux sont en cours pour voir si la baisse tensionnelle se maintien au-delà de 36 mois.
Quels patients peuvent bénéficier d’une dénervation rénale ?
La dénervation rénale est proposée aux patients dont l’hypertension artérielle n’est pas assez abaissée en dépit d’un traitement classique par au moins trois médicaments antihypertenseurs. Pour y avoir accès, il faut au préalable avoir réalisé un bilan spécialisé dont les résultats permettront aux spécialistes de l’hypertension artérielle de décider si une dénervation rénale peut être proposée.
Quelles personnes ne peuvent pas bénéficier d’une dénervation rénale ?
La grossesse, certaines maladies et un âge inférieur à 18 ans contre indiquent la dénervation. C’est pourquoi un bilan spécialisé est pratiqué avant la décision de faire une dénervation rénale. Ce bilan comprend scanner ou une échographie des reins pour rechercher une anomalie des reins ou des artères ainsi que des analyses de sang pour rechercher des anomalies hormonales ou une insuffisance rénale. En cas de découverte d’une anomalie, la dénervation rénale peut-être contre indiquée et la personne est orientée vers une prise en charge différente de la dénervation rénale.
Peut-on se passer de médicament après une dénervation rénale ?
Les médicaments antihypertenseurs ne sont pas arrêtés dans les suites immédiates du geste de dénervation rénale car l’effet sur la baisse de la tension est retardé et atteint son effet maximum après 3 mois. La surveillance de la pression artérielle, de la fonction rénale et de l’anatomie des artères rénales est nécessaire après 12 mois et 36 mois. Il est fréquent qu’un traitement médicamenteux reste nécessaire, mais son intensité est habituellement diminuée et la tension devient alors contrôlée. On ne refait pas habituellement une deuxième procédure si la réponse à une première dénervation rénale est modeste
Quelles sont les preuves d’efficacité de ce traitement ?
Les premiers travaux évaluant l’efficacité de la dénervation rénale remontent à 2015. Depuis ces dix dernières années, plusieurs études ont démontré l’efficacité et la sécurité de la dénervation rénale, traitement désormais reconnu par les sociétés savantes de nombreux pays et pour la France de la Haute autorité de Santé (HAS), organisme public qui dépend du ministère de la santé.
Est-il risqué de faire une dénervation ?
Les complications graves de la dénervation sont rares. Des complications mineures (liées au point de ponction du cathéter) surviennent chez environ 5 % des patients.
Comment explique-t-on la baisse de la pression artérielle après dénervation rénale ?
La dénervation rénale interrompt les connexions nerveuses entre les reins et le cerveau (système nerveux sympathique) ce qui induit deux effets : d’une part bloquer des mécanismes vasoconstricteurs (ce qui revient à « relâcher » les artères) et de l’autre limiter la rétention hydrosodée (l’eau et le sel). Ces mécanismes contribuent à la résistance aux traitements médicamenteux. Cette action sur l’activité nerveuse rénale peut diminuer la pression artérielle.
>>>Lettre de la société française d’hypertension artérielle concernant la dénervation rénale : lire
Réponses rédigées par les médecins du centre d’hypertension artérielle de l’hôpital européen Georges Pompidou. 75015 Paris.